Haine, corruption et guerre, l'héritage empoisonné de Netanyahu

11:33 - June 15, 2021
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Téhéran(IQNA)-Le politicien sioniste, Benjamin Netanyahu, a finalement quitté le poste de Premier ministre du régime sioniste, hier soir, après 12 ans de règne. De nombreux experts pensent que son héritage n'est rien d'autre que la corruption et les abus de pouvoir à l’intérieur, et la guerre et la haine dans la politique étrangère.

Le vote de la Knesset le 14 juin 2021, a mis fin au 12 ans de règne de Benjamin Netanyahu qui a rempli le plus long mandat de Premier ministre du régime sioniste jusqu’à ce jour.

Netanyahu a déclaré lors du vote de confiance du nouveau cabinet israélien : « Les responsables iraniens vont fêter l'émergence d'un gouvernement faible en Israël, incapable de tenir tête aux États-Unis ».

Il a aussi attaqué la coalition de Naftali Bennett, chef du parti Yamina, et de Yair Lapid, président du parti Yesh Atid, affirmant que ce gouvernement de coalition avait été formé sur la base d'une alliance perfide. Netanyahu a ajouté que le mandat de ce gouvernement sera très court et qu'il reviendra bientôt au pouvoir.

Amjad al-Omari, journaliste spécialisé dans les affaires israéliennes, a déclaré que la destitution de Netanyahu du poste de Premier ministre aura des conséquences de grande envergure pour lui dans l'arène politique, et que l’absence de Netanyahu du poste de Premier ministre saperait son immunité contre les poursuites dans les affaires de corruption, de trahison et de fraude.

Netanyahu a utilisé sa position pour entraver le procès au cours des deux dernières années, profitant de la situation créée par l'épidémie du virus Corona, mais après son renversement officiel, son procès dans des affaires de corruption sera accéléré, car il n'est plus qu'un membre de la Knesset sans pouvoir politique.

Adel Shedid, expert des affaires israéliennes, a également déclaré à l'agence de presse anatolienne que Netanyahu voulait empêcher d'être arrêté en raison des affaires de corruption dont il est accusé, et que l'échec des poursuites à l’encontre de Netanyahu faciliterait son retour au poste de Premier ministre lors des prochaines élections.

A l'intérieur, Netanyahu régnait en divisant. Non seulement il a qualifié de « mauvais », des groupes politiques de la gauche et divers militants, mais il a aussi adopté une position hostile contre les groupes de défense des droits de l'homme pour avoir témoigné de crimes de guerre, devant les tribunaux de l'ONU. Il a adopté une loi qui les oblige à divulguer leurs sources d'aide étrangère. Il a qualifié ses opposants politiques de « traîtres à la nation » et affirmé qu'ils trahissaient Israël en autorisant la formation d'un État palestinien, et en autorisaient les tirs de missiles palestiniens sur les territoires occupés, en traitant avec le Hamas.

Même au sein de son propre parti (Likoud), Netanyahu était connu pour son hostilité envers ses rivaux politiques. Ses maîtres, comme Reuven Rivlin, ancien chef du régime sioniste qui l'a aidé à prendre le pouvoir, étaient considérés comme une menace par Netanyahu. Lorsque Rivlin s'est présenté à la présidence, Netanyahu a lancé une campagne pour saper sa candidature.

Netanyahu s'est appuyé sur une idéologie nationaliste sioniste qui s'est infiltrée et domine désormais les leviers du pouvoir gouvernemental. Il a construit des dizaines de milliers de nouvelles maisons dans les colonies sionistes, et pendant son mandat, le nettoyage ethnique des Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est s'est poursuivi à un rythme rapide.

Son objectif et celui de ses partisans était d'éliminer toute possibilité d'un État palestinien. À l'heure actuelle, aucun parti politique, pas même ceux qui se réclament de la gauche, ne reconnaît les droits nationaux des Palestiniens. Rarement les politiciens de ce régime parlent d’une solution à deux États. Les seules personnalités qui mènent le débat sont les démocrates américains et les sionistes libéraux juifs américains.

Le racisme anti-arabe était au premier plan de la pensée politique de Netanyahu. En 2018, il a présenté une loi appelée « l'État-nation » à la Knesset, qui faisait des Arabes vivant dans les territoires occupés, des citoyens de seconde zone. De plus, l'arabe n'est plus une langue officielle de l'État. Selon la loi, Israël doit désormais être un État juif. Les Arabes qui étaient citoyens du régime depuis 1948, se sont sentis profondément méprisés et la loi a déclenché des émeutes dans les villes palestiniennes des territoires occupés, le mois dernier.

Netanyahu a réussi à contrôler une grande partie des médias du pays qui étaient récompensés pour « leur couverture politique favorable ».

Au niveau régional, la peur des ennemis étrangers que Netanyahu a cherché à instiller parmi les Israéliens, a créé une cohésion artificielle. Il avait besoin des ennemis iraniens, du Hamas et du Hezbollah, pour maintenir son pouvoir. Il a lancé une décennie d'opérations terroristes contre Téhéran, et a tenté de contrecarrer ce qu'il appelait une tentative de l’Iran de conquête d’un pouvoir régional. Netanyahu a conduit le Mossad à saboter le programme nucléaire iranien notamment en assassinant des scientifiques iraniens de l’énergie nucléaire. Il a également ordonné des frappes aériennes contre les bases de la résistance en Syrie.

En 2014, Netanyahu a lancé l'opération « Bordure protectrice », attaquant Gaza sous prétexte d'empêcher les frappes de missiles contre Israël. Plus de 2300 Palestiniens ont été tués dans l'opération, pour la plupart des civils.

Le mois dernier, Netanyahu a de nouveau attaqué Gaza et les Palestiniens qui s’étaient soulevés contre les brutalités policières israéliennes à la mosquée d’Al-Aqsa, et en solidarité avec les familles palestiniennes de Cheikh Jarrah. Cette fois, l'opération militaire a duré 11 jours et des centaines de Palestiniens ont perdu la vie.

Contrairement aux attaques précédentes, les affirmations de Netanyahu selon laquelle Israël ne faisait que se défendre contre les missiles du Hamas, n’ont convaincu ni les Israéliens ni les nations du monde Au lieu de cela, les frappes aériennes brutales d'Israël ont été considérées comme des actes d'agression contre les civils. Selon les experts, cette guerre n'avait d'autre objectif stratégique que d'aider à maintenir Netanyahu au pouvoir, car ses rivaux politiques n'osaient pas comploter contre lui tant que durerait la guerre.

Netanyahu, comme l'ancien président américain Donald Trump, a toujours eu le soutien d'une minorité d'Israéliens. Comme Trump, la plupart des Israéliens ne l'aimaient pas et se méfiaient de lui, mais n'étaient jamais assez unis pour l'évincer.

Pendant son mandat, le fossé entre les riches et les pauvres, les forces laïques et religieuses, palestiniennes et juives, de droite et de gauche, s'est creusé. Netanyahu a laissé un héritage de haine, de peur et de trahison qui ne sera pas facilement effacé même avec le nouveau gouvernement en place.

La question à laquelle Tel Aviv et ses nouveaux dirigeants sont confrontés est de savoir s'ils peuvent réparer les dommages causés sous Netanyahu ou si son influence continuera et si ce régime continuera à décliner vers la tyrannie qu’il a instaurée.

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